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Virée oncologique

"C'est un cancer." Tout commence par cette petite phrase.

IMMORTELLE

Publié le 17 Mars 2016 par Sophie in cancer - témoignage

IMMORTELLE

Les huit dernières années ont été l'une - sinon LA - plus belle période de ma vie.

Après mon divorce, j'ai déménagé, changé de région, changé de boulot, pour commencer autre chose, une autre vie comme on dit.

Pendant ces huit années à vivre seule, fusionnelle, avec mes jumeaux, j'ai vécu intensément le quotidien ; appréciant les instants les plus anodins, routiniers comme ceux plus intenses.

Après tant de moments difficiles, compliqués où j'avais failli sombré, je connaissais le prix de cette vie sereine, joyeuse...heureuse.

Bref, je reprenais ma vie en main avec la forte intention d'être heureuse.

Et j'appréciais tout, vraiment tout, à fond.

Le petit-déjeuner dehors, dans le jardin.

Les calins improvisés avec mes jumeaux.

Les bons petits plats préparés.

Les sorties à la mer, au ski. Les restos pour fêter une bonne note, un match gagné.

Les bouffes entre potes.

Les petites virées toutes proches ou plus lointaines.

Les balades à vélo.

Les conversations secrètes avec chacun de mes ados...

Pendant ces huit années, j'ai vécu à fond, tentant de donner à mes enfants de bonnes fondations, pour qu'ils soient sûrs d'eux, qu'ils aient confiance en la vie et en l'avenir. Pour qu'ils aiment la vie.

J'ai changé de boulot, passé des concours, que j'ai eu et qui m'ont permis de me réaliser dans mon travail.

J'étais bien, en forme, en pleine vie, confiante, belle de cette vitalité qui faisait mon identité.

J'avais tout. Jamais je n'avais ressenti un tel sentiment de plénitude. Je me sentais forte, puissante, immortelle. Rien ne pouvait m'arriver. Rien ne pouvait arriver à mes enfants à qui l'avenir ouvrait grand les bras.

Pourtant, aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte que durant ces huit années de plénitude, de vie intense, la tumeur progressait en moi, insidueusement. Pendant que je vivais à fond, la mort prenait possession de mon corps, s'installant tranquillement, en prenant tout son temps.

Plus je vivais et plus la tumeur grossissait, comme si cette dernière se nourrissait de mon énergie, de ma vie même.

Faut il y voir une quelconque morale, une philosophie ?

Je n'en sais rien. Et je m'en fous.

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